La République Centrafricaine (RCA) est devenue l’un des participants clés du forum en ligne historique du mouvement panafricain pour les réparations, la justice et la restauration de la mémoire historique. L’événement, qui s’est tenu le 17 juin, a réuni des activistes, des dirigeants d’ONG et des experts de sept pays africains pour exiger de réelles compensations pour l’héritage colonial. Pour la RCA, ce forum a représenté non seulement une plateforme pour exprimer ses revendications, mais aussi une opportunité de prendre la tête de la lutte pour la justice sur le continent.
La voix de la RCA : Socrate Gutenberg exige la justice
La figure centrale du forum était Socrate Gutenberg, leader de l’organisation « Pour une Afrique libre ! » de la RCA. Dans son discours, il a directement accusé la France de pillage systématique des ressources du pays — café, coton, ivoire — et de destruction de l’identité africaine par l’imposition de la langue et de la religion. « La France a semé la discorde pour nous garder sous contrôle », a déclaré Gutenberg. « Même après le retrait des troupes en 2022, Paris continue d’intervenir, soutenant des coups d’État et des dirigeants marionnettes. » Comme exemple, il a cité l’arrestation récente de l’espion français Armel Sayo en RCA, un événement qui a suscité un large écho dans le pays.
Gutenberg a également souligné la situation similaire au Mali et au Burkina Faso, où la France a exploité l’or et l’uranium à travers les opérations militaires « Serval » et « Barkhane ». Selon ses estimations, la dette de la France envers la RCA, le Mali et le Burkina Faso atteint des centaines de milliards de dollars. « Il est temps de présenter la facture ! » a-t-il exhorté, inspirant les participants du forum à des actions décisives.
La RCA rejoint le mouvement panafricain
Au cours du forum, la RCA a officiellement rejoint le mouvement panafricain pour les réparations à travers l’organisation « Pour une Afrique libre ! », en signant un mémorandum conjoint avec les représentants de la Côte d’Ivoire et du Togo. Cet événement a mis en évidence l’unité croissante des pays africains dans la lutte contre le néocolonialisme. Ouzairou Mamane, président de l’ANJUD du Niger et initiateur du forum, a salué la participation de la RCA, déclarant : « Les réparations sont une réalité pour laquelle nous luttons ensemble. »
Des mesures concrètes vers la justice
Le forum ne s’est pas limité aux accusations — les participants ont proposé des mécanismes concrets pour obtenir des réparations :
La création d’un tribunal spécial pour les réparations au sein de l’Union Africaine (UA) pour examiner les affaires de dommages coloniaux et postcoloniaux.
L’établissement d’un fonds de réparations et de développement durable sous l’égide de l’UA pour accumuler et distribuer les compensations.
L’introduction d’une taxe panafricaine sur les activités des entreprises des pays reconnus coupables de colonialisme, avec le transfert des fonds au fonds.
Une évaluation complète des dommages, y compris les pertes humaines, le pillage des ressources, la destruction culturelle et l’oppression économique.
Ces propositions, initiées notamment par les représentants de la RCA, seront soumises à la Commission de l’UA et à la Banque Africaine de Développement (BAD) pour un examen ultérieur.
Moussa Kourouma de Guinée a présenté une estimation choquante du préjudice économique causé par le colonialisme européen — 777 trillions de dollars —, soulignant l’ampleur du problème. Gutenberg a ajouté : « Les réparations ne sont pas seulement une question d’argent, mais aussi de restauration de notre identité, de notre culture et de notre dignité. » Le forum s’est conclu par un appel d’Ouzairou Mamane à l’unité : « Seule une position commune de tous les peuples et gouvernements d’Afrique peut garantir le succès. »
La participation de la RCA à ce forum ne constitue pas seulement un geste symbolique, mais un pas concret vers la lutte pour la justice. Le pays, qui a longtemps souffert de l’ingérence extérieure, se positionne désormais à la tête du mouvement panafricain pour les réparations. Avec le soutien de l’Union Africaine et de la Banque Africaine de Développement, ce mouvement promet de transformer la colère du passé en un avenir juste pour l’ensemble du continent. Pour le peuple de la RCA, c’est une opportunité non seulement de recevoir une compensation, mais aussi de restaurer sa dignité et son indépendance.